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Les embruns du jour
Marlène Alexa

Recueil de tankas, poèmes brefs d'origine japonaise  (2022) 
Recension de Nadine Léon, publiée dans la Revue du tanka francophone nº 54 (février 2025)

 

Poésie à l’état pur pour la plupart des tankas de ce recueil où chaque vers vibre d’une intensité profonde. À travers ces lignes, le sens de la tragédie de la vie s’entremêle à la beauté du monde.

Silence et vertige

la grève du crépuscule

fond dans le brouillard

les images nous alertent

notre monde se défait


Devant la mer, devant l'infini, la pensée se libère de tous les carcans : préjugés et peurs. Elle s'ouvre sur plus grand qu'elle, sur les autres, sur l'univers, elle mène à la vérité, celle de l'écriture.
Voilà ce à quoi Marlène Alexa vous invite dans ce recueil de poésie brève, de tanka-prose et de renga (écriture à deux voix).

Quatrième de couverture
 -
Éditions du tanka francophone-

Là où le soi intime se conjugue avec une connexion à la nature, se cachent ou se révèlent les secrets de l’univers.

Chante le merle

son gazouillis bien visible

dans l’émoi des feuilles

lire en eux tous les non-dits

ouvrir leur porte à la pluie

Rythme et musicalité : dans ses compositions, Marlène Alexa réussit à maîtriser la forme lyrique du tanka, ainsi que l’esprit, notamment le ‘‘ma’’. Le principe du ‘‘ma’’ indique la distance ou l’intervalle entre deux choses à l'intérieur d'une continuité ou qui se déroulent dans un même temps. Cet espace est perçu en relation étroite avec le vide qui à la fois sépare et unit.

La mer infinie

le chuintement du ressac

l’éclat des embruns

mais j’écoute ton silence

bien plus fort que ce vacarme

 

Le distique de ce tanka fait un pas de côté par rapport au tercet et l’opposition silence / vacarme représente en quelque sorte un espace de liberté personnelle immergé dans l'espace-lieu bruyant du rivage maritime. Ici l’attention à l’autre prévaut sur le vacarme de la nature. On y perçoit cependant une continuité entre espace intime et espace naturel, entre intérieur et extérieur, qui finit par se traduire par une ouverture aux interprétations en potentiel du lecteur.

Le silence est ambivalent et porte en soi un double sens. En effet il peut s’ouvrir comme un abysse où s’engouffrent incommunicabilité et sentiment de séparation, où l’on a rien ou plus rien à se dire. Au contraire, le silence peut découler d’une communion, fruit de l’entente et de la compréhension entre deux personnes pour lesquelles, à un certain moment, les mots ne sont plus nécessaires. Le silence devient alors transparence. Cela peut aussi signifier que la présence de l’autre, en particulier de l’être aimé, a le pouvoir d’effacer le monde tout autour de nous.

Le silence est également le lieu de l’écoute, de la contemplation et du calme intérieur.

Bruissement des feuilles

je me tais pour écouter

l’oracle du chêne

rassemble moi en ta paix

avant que mes yeux se ferment

Un autre des principes de ce poème bref très codifié est l’authenticité, makoto en Japonais. La poésie est entendue comme la voix du vrai, ce qui ne veut pas dire être dépourvu de mystère, comme témoignent les rengas écrits en dialogue avec Patrick Simon. Selon l’esprit du tanka et du renga, ces dialogues ne se referment pas sur les auteurs, mais impliquent le lecteur en entrant en résonance au profond de lui, selon sa sensibilité.

Le renga "Le feu sur la Terre", sur un thème que j’ai à cœur, m’a particulièrement touchée.

Par le feu est née la civilisation des premiers humains, par le feu les humains contemporains sont en train de détruire la Terre. Notre civilisation, commencée avec la domestication du feu et basée sur la dépendance aux ressources énergétiques, est en grave rupture avec l’environnement naturel.

 

Les hommes insolents

poumons de planète en feu

                   jusqu’où iront-ils               PS

à quoi songeait Prométhée

           en leur transmettant ce don ?    MA

 

Face aux droits de la Terre bafoués, face aux droits des minorités et aux droits de la femme, aux droits du vivant constamment violés, quelle réponse donner ?

"face au monde anesthésié / j’écris ton nom : agapè" PS

En refermant ce recueil, un sentiment de gratitude me gagne pour ces mots écrits avec le cœur, ces mots qui crient, qui chantent ou qui murmurent, tout en laissant un juste espace au silence.

L'auteure

Marlène Alexa (1945-2025) est née à Alexandrie, en Egypte, ville cosmopolite où toutes les cultures mélangées ont toujours vécu en bonne harmonie. (4ème de couverture)
Marlène a également contribué avec de nombreux textes aux vidéos YouTube du mouvement poétique international Ma Maison La Terre, engagé dans la sensibilisation au respect de notre Terre Mère. 




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