Terre mère   Bienvenue sur:
 
nadine-leon-auteur.wifeo.com

Mon esprit léger comme
la brume du petit matin
s'élève jusqu'au divin cosmique,
Je salue l'univers qui palpite en moi.
Je remercie la lumière qui éclaire
chacune de mes cellules.

Je célèbre la vie
qui vibre sur toute
la Terre-mère,
dans toute la nature,
en chacune de ses créatures
et j'embrasse l'énergie sacrée
qui parcourt toute chose.


Je remercie pour tous les dons reçus,
pour mes frères et sœurs les humains,
les arbres, les fleurs, les animaux :
pour les fruits, les herbes de la médecine
et pour tous les éléments,
air, eau, terre, feu,
qui nous soutiennent
et dont nous sommes formés.

J'envoie tout l'amour
dont je suis porteuse
pour que le lien bienfaisant
entre moi et les autres,
entre moi et l'univers,
entre l'univers et les autres,
puisse se renforcer ;
pour que cet amour puisse alimenter
la source de la quintessence.

Que mes actes et mes intentions
soient une contribution significative
pour un changement vers le bien,
vers le respect et vers la paix.
Que ma fragilité et ma misère
soient le pont pour accepter
et pardonner la misère d'autrui.
Que mon évolution spirituelle
soit une participation manifeste
à l'élévation spirituelle
de toute l’humanité.

Que ce jour nouveau
qui s'offre à moi
puisse voir mes pieds
parcourir un chemin d'amour,
puisse voir mon cœur
s'ouvrir à la bienveillance
et mon âme se remplir
d'immense gratitude.


-Nadine Léon


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Haïku – guide au Toriawase 

Le non-dit et son interprétation 

Le non-dit est l’un des aspects qui m’attire le plus dans le haïku, c’est ce qui n’est pas exprimé explicitement mais qui trouve sa place dans le suggéré. Il n’est donc pas dans les mots mais hors des mots. C’est quelque chose de difficile à expliquer et encore plus à composer. C’est ce qui donne au haïku ce caractère qui tant nous fascine jusqu’à nous transporter, dans le meilleur des cas, vers une dimension de pur émerveillement. 

– Toriawase 

Dans le haïku un toriawase est la combinaison de deux expressions distinctes et autonomes, au niveau grammatical comme au niveau du sens, séparées entre elles par l’intermédiaire d’une césure. Ces deux expressions sont comme l’eau bouillante et le sachet de thé, deux ingrédients spécifiques, différents l’un de l’autre et absolument nécessaires pour préparer la boisson. Le non-dit est un peu comme l’arôme qui se dégage de l’infusion… fondamental pour savourer à fond notre thé. 

– Résonance

La distance qui s’instaure entre les deux expressions doit produire une sorte de résonance qui les relie. Cette résonance se génère à partir du non-dit. Elle est intérieure, c’est ce que le lecteur perçoit dans son émoi ou dans son esprit. Une forme de silence s’installe dans la rupture créée par la césure, un silence vibrant, un espace habité par le ressenti de celui qui lit. Le pouvoir des mots se déploie au-delà des mots jusqu’à même dépasser ce que l’auteur entendait exprimer. Tout ce qu’on écrit finit souvent par nous échapper, dans le haïku je dirais : ‘‘c’est fait pour’’. 

– Niveau de lecture

Ce genre de composition ne peut que présenter divers niveaux de lecture.

- sens littéral

Le premier est bien entendu le sens textuel. Un haïku est un morceau d’instant réellement vécu, situé dans le présent et dans le concret. C’est la vraie réalité – la vraie vérité, comme disent les enfants.

- atmosphère

Les deux expressions qui composent le texte entrant en vibration, celui-ci ne peut jamais être plat. À travers ses mots le hajin cherche à évoquer une certaine atmosphère (légèreté, beauté, tristesse, sentiment du temps qui passe, sentiment d’amour…).

- sens symbolique

La profondeur du haïku se trouve dans le non-dit. C’est là qu’entre en jeu la sensibilité et la culture du lecteur, lequel peut percevoir ou interpréter à son gré ce que le poème lui suggère. Il peut associer celui-ci à son vécu ou aux éventuels mythes qu’il évoque en lui. Certains haïkus peuvent alors prendre des nuances psychologiques, personnelles ou liées à l’inconscient collectif, ou même spirituelles.

 

– Quelques techniques

Le haïku ne peut pas contenir de métaphores explicitées à son interne ( à moins qu’elles ne soient vraiment faibles ) ce qui ne veut pas dire qu’il ne les supporte pas, au contraire. La métaphore se trouve entre les deux expressions, hors des mots, dans le non-dit… Un hajin habile est capable de guider le lecteur vers un autre type d’interprétation que celui à la lettre, à travers le biais de certaines techniques. Je n’en nommerai que quelques unes :

- la similitude : les deux expressions sont le reflet l’une de l’autre ou quelques fois l’inverse, avec un ou plus éléments communs qui font de rappel.

- l’opposition : on utilise des concepts contrastants d’une ligne à l’autre ( loin-près, dedans-dehors, froid-chaud, éternel-éphémère etc...)

- l’arrivée d’un événement inattendu qui dirige le lecteur vers une autre perspective.

 

Un exemple d'interprétation 

Pour faciliter les choses, j’ai enfreint la règle qui veut qu’un auteur n’explique pas son haïku et j’en ai choisi un de ma composition comme exemple car il regroupe tous les points cités auparavant. Plutôt banal, toutefois une lecture plus attentive peut déceler ses aspects cachés.

la bougie s’éteint
plein d’étoiles scintillent à la fenêtre 
             

 

..Techniques :

- similitude (la lumière de la bougie et celle des étoiles)

- opposition (dedans-dehors ; éteint-illuminé ; éphémère-éternel ; quotidien humain-cosmique ; petit-incommensurable)

- effet inattendu (dans le texte, cet effet est faible, mais la flamme qui s’éteint créer tout de même un effet de rupture dans l’écoulement des faits, de l’endroit illuminé par la bougie on passe tout d’un coup à l’obscurité)

...Sens littéral :

Il y a une bougie qui s’éteint. On se situe de nuit, devant la fenêtre où apparaissent soudain les étoiles qu’on ne pouvait voir avant, à cause du reflet que la lueur de la bougie créait sur la vitre … (concret, simple et dans l’instant ; toriawase obtenu avec deux expressions distinctes).

...Atmosphère :

La découverte des étoiles donne toujours une impression de joie et d’émerveillement un peu enfantin. Dans la bougie qui s’éteint toute seule, il y a néanmoins un sentiment du temps qui passe et des choses qui se consument inexorablement.

Du point de vue psychologique, on pourrait peut-être y trouver de la préoccupation pour les événements qu’on ne peut contrôler, pour les choses qui finissent. Toutefois, la vision des étoiles est un élément rassérénant qui offre une continuité dans le temps. Une lumière s’éteint, d’autres s’allument.

...Sens symbolique :

- psychologique :

Cela pourrait représenter un moment sombre de notre existence (la bougie s’éteint) qui nous oblige à aller au-delà de nous-même et à acquérir une vision plus ample des choses de la vie, ce qui pourrait permettre de trouver une réponse positive aux adversités (l’apparition des étoiles).

- archétypal :

La bougie fait partie du rituel de nombreuses religions. Allumée, elle représente le souffle vital, celle qui s’éteint représente la mort, peut-être d’un être cher. C’est le symbole par excellence de notre impermanence sur Terre. Dans l’Égypte antique, les défunts importants ont une destinée cosmique et trouvent leur place dans la voûte étoilée, d’où la croyance – plus ou moins métaphorique – parvenue jusqu’à nos jours que nos morts rejoignent les étoiles. Dans le texte cette interprétation est renforcée par le mot fenêtre, symbole d’ouverture et de passage.

- spirituel :

Dans la pratique de la méditation, la bougie constitue une porte vers notre intériorité. Fixer la flamme permet d’entrer dans un stade de concentration profonde, ce qui favorise le détachement du mental pour entrer en connexion avec notre profond et avec l’univers cosmique (les étoiles). La bougie éteinte pourrait alors prendre une signification plus positive et symboliser la perte d’emprise d’un ego trop gonflé par les illusions et les échafaudages du mental.

...

Toutes les possibilités restent ouvertes, car tout comme le hajin ne fait que suggérer, un commentaire de haïku ne peut que proposer une interprétation, sans l’imposer au lecteur.

Il est clair que lorsqu’un haïku surgit en nous, on est dans l’immédiat. On n’a pas le temps de penser à toutes les interprétations qu’il pourrait suggérer. On cherche un crayon et un bout de papier pour le transcrire, par peur de l’oublier...

Quand je pense au haïku, je vois une fenêtre qui s’ouvre à deux battants et un oiseau qui s’envole vers une infinité d’horizons possibles. Cet oiseau qui prend le vol est le non-dit.

--Nadine Léon, article écrit et publié dans Haiku Column.

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  • Marcel Peltier dit :
    18/6/2022

    En parfait accord avec vos propos. Merci.