J'irai mourir à Yakushima (roman de Nadine Léon)
Cèdres millénaires
l'île de Yakushima
nimbée de mystère
la rencontre de nos âmes
dans une forêt de mots
Tanka
NadineLéon, J’irai mourir à Yakushima
Résumé :
La rencontre virtuelle d’un franco-japonais et d’une française qui se racontent au fil de leurs échanges fournit le prétexte pour une confrontation entre les cultures occidentale et orientale, si différentes au niveau esthétique et spirituel, dont les antiques traditions présentent néanmoins des similitudes, comme entre les traditions celtiques et celles du shintoïsme.
- Comme je t’ai déjà écrit, dans le calendrier celte, Samhain marque le premier Jour de l’An.
Dans l’antique tradition cette nuit est considérée sacrée, on dit que le voile qui sépare les mondes du visible et de l’invisible s'affine et que les vivants peuvent communiquer avec leurs morts et les célébrer... C’est aussi le moment où on honore la fin d'un cycle vital et on célèbre le nouveau cycle qui arrive. Samhain est liée à la contemplation du mystère de la vie et de la mort. Elle est associée au cycle naissance-vie-mort-renaissance. Ce voile entre les deux mondes est représenté par de la brume. La brume a quelque chose de mystérieux car elle rend le paysage impalpable, presque immatériel, non ? C'est comme si elle nous coupait du monde des apparences et de la réalité. Pourtant ce n'est pas une frontière infranchissable, on peut la traverser. Elle symbolise la possibilité d'un passage entre les deux dimensions, la vie réelle et l’au-delà.
- Cela ressemble beaucoup à un culte japonais qu'on appelle O-bon. C'est un rite
bouddhiste qui correspond à votre fête des morts. Cela se fait généralement en Août. Et un peu comme pour Samhain, le monde des morts rend visite au monde des vivants. On allume des lanternes pour accueillir les défunts, pour honorer les ancêtres, pour apaiser les esprits tourmentés et pour accompagner les âmes de ceux qui sont décédés depuis peu. Il y a la tradition de fabriquer des lanternes en papier, avec des bougies à l'intérieur qu'on allume avant de les laisser flotter sur l'eau, afin de guider les défunts pour leur retour dans l’au-delà.
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- C'est très beau ! J'ai vu des images de cette célébration. Des centaines de lanternes flottantes sur les eaux d'un lac de nuit. Spectaculaire ! Je ne savais pas que c'était pour célébrer les défunts. Regarde, Seiji, je t'envoie une photo que j'ai prise ce matin.
- Splendide ! Un érable rougeoyant qui surgit du brouillard. Quel beau contraste. C'est dans ton jardin ?
- Oui, c'est l'érable de mon fils. Il est d'un beau rouge vif en ce moment. Il commence à perdre ses feuilles.
- Au Japon, on est en plein Momijigari. C'est littéralement la course aux érables et à leur feuillage flamboyant ! Les japonais se rendent dans les bois et dans les parcs pour les admirer.
- D'où vient cette tradition. A-t-elle une signification spirituelle ?
- C'est surtout dû à un facteur esthétique. Elle provient d'une façon de concevoir la beauté dans l'impermanence des choses. La nature est vue comme quelque chose de cyclique, comme pour la tradition celte. Le sentiment de l'immuable est conçu à travers la répétition des saisons, des lunaisons, des célébrations ou des évènements astronomiques, mais chaque instant est accueilli dans son aspect éphémère. C'est ainsi pour la beauté. On doit savoir la saisir dans sa fugacité.
(extrait de J'irai mourir à Yakushima - Nadine Léon)
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